Investir ou payer les dettes avec votre surplus d'argent; que faire?
Si vous vous posez la question "Est-ce que je devrais payer mes dettes ou investir le surplus?", c'est que vous avez déjà pris de bonnes décisions. D'une part parce que vous avez réussis à mettre de l'argent de côté, et d'autre part parce que vous n'avez pas décidé de le dépenser. Investir ou réduire les dettes est un questionnement courant, et il y a une approche à considérer. Nous allons donc passer à travers les différents aspects qui divisent ces deux options, en plus de s'attarder sur les situations qui peuvent influencer votre décision.
Le rendement
La première question à se poser est, qu'est ce que je gagne à payer les dettes ou à investir? Une personne qui n'est pas dans une situation particulière l'obligeant à faire un choix spécifique, favorisera ce qui lui rapporte le plus, c'est-à-dire l'option qui offre le retour le plus élevé. En effet, même les dettes ont un retour sur investissement, car après tout, éliminer une dette qui nécessite des coûts en intérêt de $250.00 vaut autant, dans le budget personnel, qu'un investissement qui rapporte $250.00 par mois.
Une autre manière de comprendre la comparaison est d'imaginer une personne qui emprunte un montant pour investir. L'emprunteur investisseur cherche évidement à gagner un revenu plus élevé avec son investissement que le coût de son nouvel emprunt. C'est le même principe qui s'applique lorsque nous planifions investir alors que nous avons des dettes. En investissant le surplus d'argent, nous décidons de ne pas réduire la balance de dette, et conséquemment, des intérêts seront comptabilisés sur cette partie non remboursée. Cette portion de dette est donc similaire à un nouveau prêt qu'on ouvre dans le but d'investir le montant, et on cherche à avoir un retour sur investissement plus élevé que ce que ça nous coûte.
Afin de mesurer les coûts et revenus, nous devons comparer le taux effectif des deux options, soit celui des intérêts sur la dette et du rendement sur investissement. Éliminer un prêt au taux effectif de 5% est l'équivalent d'investir ce même montant à un taux effectif de 5%, de même qu'on reste neutre financièrement en investissant à 5% un montant emprunté au coût de 5%. Une personne gagne donc à diriger ses actions vers le plus gros taux, mais on doit regarder plus loin que le taux effectif brut.
Un aspect qui a une influence sur le taux est l'impôt sur revenus d'investissements. En effet, on ne paie pas d'impôt sur une augmentation du revenu net grâce à une réduction de dettes, mais certes sur une augmentation des revenus bruts dû à de nouveaux revenus d'investissement. Donc un investissement de 8% donne en fin de compte un rendement net de 5% ou 6% dépendamment du taux d'imposition, tandis que l'élimination de dette s'effectue sur le taux entier. Dans notre exemple, pour obtenir une équivalence de taux entre dette et investissement, une personne devrait investir à un rendement de près de 8% pour équivaloir à l'élimination d'une dette de 5% ou 6%.
Toutefois, il y a moyen de réduire l'impact des impôts sur investissements. Certains cas permettent de déduire les intérêts payés du revenue imposable, ou même un montant total investi dans un plan de retraite, ce qui vient à son tour réduire les impôts. D'autres plans tels des comptes d'épargne libre d'impôt permettent d'enregistrer des revenus d'investissement à l'abri de l'impôt, ce qui permet de considérer le taux de rendement total, car il n'est pas imposable. Bref, l'impôt peut venir influencer le taux de rendement net.
Le risque entre également en jeu, car le taux de rendement d'investissement n'est jamais garanti, il peut fluctuer, à l'exception d'investissement effectué dans des titres à rendement garanti qui ne sont normalement jamais très élevé. Le rendement d'un investissement peut être plus ou moins ce qui est prévu, et il y a même un risque de perte. Payer une dette pour sa part vous amènera un rendement assuré. En effet, payer un prêt au taux d'intérêt de 4% n'aura d'autres conséquences que d'éliminer le taux de 4%.
En règle générale, les cartes de crédit devraient être les premières cibles, car celles-ci possèdent des taux d'intérêts extrêmement élevés, autour du 20%. Un tel rendement est très difficile à égaler dans les marchés financiers, à moins de prendre d'énormes risques qui peuvent, du même coup, amener à une perte. Certains entrepreneurs pourraient espérer un retour sur investissement qui touche les 30% dans leur projet d'affaires, car ils connaissent en profondeur ce en quoi ils investissent, mais cela nécessite beaucoup de temps et d'effort. Si vous planifiez par contre faire fructifier passivement votre investissement dans les fonds mutuels, vous n'allez jamais rivaliser avec le taux des cartes de crédit.
Les arguments qualitatifs
Avant d'investir, une personne devrait s'assurer de ne pas être en trouble de crédit, car investir alors que l'on est criblé de dettes et de paiements en retard ne fera rien pour améliorer la cote de crédit. Il faut être conscient que, lorsque notre cote de crédit est faible, les prêts sont octroyés à des taux plus élevés, car on représente un plus grand risque de défaut, à moins de léguer des garanties. Donc investir ne semble pas être la meilleure chose à faire si on a un budget précaire et qu'on n'arrive même pas à effectuer les paiements minimum; on finit par payer des taux d'intérêts élevés, en tout, et possiblement des frais de retard.
D'un autre côté, il existe un danger de n'avoir aucun investissement lorsque s'approche la retraite. Être agressif sur l'élimination de dettes ne va jamais garantir un revenu de retraite. Se retrouver sans dette en fin de carrière, mais sans épargne, ne nous permettrait pas de cesser de travailler. Il est toujours suggéré en fait de commencer à épargner des petits montants très jeune, car commencer à investir lorsqu'on est plus âgé nécessite des efforts d'économies beaucoup plus important. Bien que n'avoir aucune dette soit un bel objectif, le faire au prix de n'avoir aucun investissement pour la retraite n'est pas optimal.
Le paiement des dettes, si c'est l'option choisie, devrait s'effectuer dans un ordre spécifique. Certains recommandent de payer les prêts au taux d'intérêt plus élevé en premier (en anglais, debt avalanche), et d'autres recommandent de payer les dettes à la plus faible balance d'abord (en anglais, debt snowball). En payant les prêts à taux d'intérêt élevé en premier, on finit toujours par payer le moins d'intérêt possible au total, car on se débarrasse avant tout de la portion intérêt et commence à payer plus tôt la portion capitale. Débuter par payer les balances les moins élevées pour sa part permet de se libérer de paiements mensuels plus rapidement, car on élimine les prêts les plus faciles à faire disparaître en premier, ce qui libère de l'argent supplémentaire dans le budget pour payer les autres dettes. D'ailleurs, ça alimente un sentiment d'accomplissement important en voyant les dettes et les paiements mensuels disparaître, en plus de créer un surplus de cash flow rapidement, ce qui peut être une priorité dans certain cas. Mais de manière générale, on paiera toujours moins d'intérêt en payant les prêts à taux d'intérêt élevé en premier.
Il est important également de faire les paiements de dettes dès que possible si c'est l'option choisie, afin d'éviter de payer des intérêts inutiles en attendant d'agir. Au pire éliminer les crédits rotatifs ne vous empêche pas de rechercher ce même crédit plus tard si vous en avez besoin, mais la balance sur laquelle les intérêts s'appliquent normalement sera réduite, ou même disparue. Le but ultime est de diminuer au maximum les frais d'intérêts.
Choisir
On peut voir que le calcul mathématique pour choisir la meilleure option est probablemet nécessaire, mais non suffisant. La situation personelle, comme celle d'avoir un problème de crédit, un besoin de cash flow ou encore l'absence d'investissement pour la retraite, vient grandement influencer les décisions. En fait, l'option d'investir et de payer les dettes simultanément est toujours envisageable en divisant le surplus de revenu. Finalement, il est toujours bon de consulter un professionnel qui saura évaluer votre situation et vous dirigera dans la bonne direction, mais il est toujours nécessaire de bien comprendre vous-même votre situation financière, car c'est à vous que revient la décision finale.